C'est fort la vie1 J'ai l'impression que la vie comme le corps humain développe un système immunitaire pour répondre à ses besoins. Chaque jour les nouvelles nous apportent l'existence de services sur le terrain pour répondre à des besoins naissant. Dès que la vie rencontre un virus, elle fait naitre des anti-virus pour répondre à ses besoins.
Aujourd'hui, les personnes âgées vivent de plus en plus de solitude dans leur maison. La vie se charge de faire naitre un service de présence pour les accompagner.
La violence et l'agressivité augmentent de plus en plus et deviennent une réponse aux blessures et manque d'amour; la vie fait naitre des services pour accueillir ces souffrances et conduire plus loin.
Les besoins aussi bien financiers que spirituels et psychologiques grandissent dans notre société moderne; la vie fait naitre des services d'écoute, d'entraide, de partage et de soutien pour diminuer les effets néfastes chez les personnes.
Ainsi existent un nombre considérables de fondations, services et bénévoles au coeur de la société québécoise. Ce système immunitaire travaille souvent sur des conséquences et pas toujours assez sur les causes. Notre monde grelotte par un manque d'amour. Notre système immunitaire a aussi un grand travail de ce côté.
En méditant tout ceci monte à ma mémoire la parole de Jésus en Saint Jean, je vous ai lavé les pieds pour vous donner l'exemple afin que vous vous laviez les pieds les uns les autres. Voila! le peuple du Québec est peut-être plus chrétien qu'on le pense ou qu'il le sait lui-même.
Aujourd'hui, la liturgie nous fait célébrer le baptême de Jésus au Jourdain. Cette fête nous permet de prendre un moment d'arrêt pour s'interroger sur notre propre baptême. Beaucoup de questions naissent sur la pastorale de ce sacrement. Les responsables me disent souvent, on ne sait plus trop à quoi ça sert de baptiser et surtout comment présenter ce sacrement dans le contexte d'aujourd'hui.
Il faut se dire que nous sommes comme assis entre deux chaises: nous baptisons encore comme dans l'époque de chrétienté et cette mentalité n'est plus là. Avant que nous puissions parvenir à une pastorale adaptée à notre monde, le monde aura encore changé. C'est la loi de la vie qui demande une continuelle adaptation. Faudrait-il arrêter de baptiser pour un certain temps afin de tâter la vie et d'ajuster notre agir? C'est ma conviction....
Si nous ne retournons pas à l'Évangile et oublier un peu tout ce que nous avons appris sur la question, je crois que l'avenir sera difficile. Au point de départ, Jean Baptisait dans le Jourdain et non au temple. Pourrions-nous imaginer célébrer les baptêmes au coeur de la vie avec les familles et non dans le bâtiment église? Il faut admettre que la célébration du baptême est devenue un rite et que la vraie célébration pour la famille se fait à la maison à la suite du baptême. Une des dimensions du baptême est l'entrée dans la communauté; la communauté pour les gens qui demandent le baptême est la famille et les amis. On dit depuis longtemps que la paroisse doit devenir une communion de petites communautés, ne serait-ce pas l'occasion de donner suite à ces idées? Pour ma part, je crois qu'il s'agit là d'une question importante que nous ne pouvons écarter. Notre façon de faire aujourd'hui ne fait-il pas entrer dans une bâtisse non dans une ocmmunauté? Je suis un vieux radoteux ne vous en faites pas.
Quand Jésus remonta de l'eau, une voix du ciel déclara: Celui-ci est mon Fils bien-aimé en qui je mets tout mon amour. Voila le sens que Jésus vient donner au baptême chrétien. Dévouvrir que nous sommes les enfants d'un Père et célébrer cette réalité avec Lui. Le baptême est un acte d'amouir avant d'être un acte de foi. Il est la signature de Dieu sur notre vie d'enfant du Père. Il est célébration de l'amour gratuit de Dieu pour nous. "Dès avant ma naissance, en tant qu'homme, je suis déjà l'image de Dieu, marqué par cette filiation divine dès le premier instant de ma conception. Le baptême ne me fait pas enfant de Deiu. Il est découverte fabuleuse de cette réalité, la démarche par laquelle je reconnais ce que je suis, ce qui est déjà donné, déjà acquis. Il est l'acte par lequel je ratifie et proclame mon caractère d'enfant de Dieu. Il est la célébration joyeuse et reconnaissante de cette grâce inouïe, en même temps qu'il marque mon entrée dans la communauté de ceux qui se proclament et se reconnaissent enfants de Dieu." Henri Boulad. C'est ce que Jean-Paul 11 a dit aussi dans une conférence sur l'homme.
La rencontre du Seigneur dans cette célébration vient m'aider à vivre le plus fidèlement possible ma réalité d'enfant bien-aimé du Père. Continuons de réfléchir tout haut, c'est dans le choc des idées de jaillit la lumière.
Je ne connaissais cet homme que de nom. Le journaliste John Carlin a écrit: Le sourire de Mandela, Ed du Seuil. J'y ai découvert un "héros, un leader, un géni politique." Libéré après 26 ans de prison et de travaux forcés, il prend le pouvoir en Afrique du Sud. Avec patience et conviction, il réussit à appaiser le désir de vengeance du peuple noir face à l'oppresseur blanc. Les blancs et les noirs dit-il sont des africains et nous ne ferons pas subir aux blancs ce qu'il nous ont fait subir. Il a developpé le pardon et la réconciliation. Il a voulu rassembler son peuple. Il a été un pasteur face aux africains blancs et noirs. Et assis sur la chaise occupée par le par le bourreau blanc qui l'avait fait emprisonné, il esquissa un sourire: "C'est vraiment remarquable."
Mandela était un "génie politique", il a su lire les événements, écouter son peuple après sa libération; il su décoder que la seule façon d'arriver à long terme à la démocratie était la voie de la paix, du pardon, du rassemblement des gens dans la réconciliation. Répondre à la colère par la colère provoque évidemment une montée de violence. Nos politiciens d'aujourd'hui devant la violence du terrorisme auraient peut être intérêt à méditer la pensée et l'action de Mandela. Nous répondons aux armes par les armes seulement, nous travaillons sur les conséquences et la cause du mal est toujours là et grandit avec le temps.
Savoir lire les événements pour en décoder le message. La leçon de Mandela pourrait nous servir aussi en Église. Au Québec, 90% et plus des chrétiens ont quitté la pratique sacramentelle, nos églises se vident, les fabriques tirent la langue pour payer les factures, les chrétiens dispersés sont devant un vide spirituel -L'heureux naufrage nous l'a bien dit- et nous travaillons toujours sur les conséquences: amener les gens à l'église, rester dans la liturgie et les sacrements. Cette désaffection massive de l'Église porte un message qui devrait nous questionner. Nous devons lire ce message: ce qui rassemblait les chrétiens hier ne les intéresse plus. Il ne s'agit pas de changer "l'assaissonement de la soupe, il faut renouveler complètement la recette." Des hommes comme Mandela, Gandhi, Martin Luther King, Mgr Tutu et combien d'autres avec Jésus Christ pourraient inspirer notre méditation. Le sourire de Mandela m'inspire beaucoup.
En ce début d'année 2017, ne serions-nous pas inviter à passer du christianisme de la "faux" au christianisme d'action de grâce. Les gens de ma génération avons tous connu le christianisme de la faux: Faut aller à la messe, faut faire baptiser les bébés, faut dire le chapelet, faut ..... Nous avons faucher toute notre vie. Les jeunes générations n'ont pas le goût de la faux. Même dans le chant Mon Dieu bénissez la nouvelle année, nous chantons: cette année nous est donnée pour mériter le Paradis. Faut mériter le ciel. Le Christ nous l'a donné pourquoi ne pas l'accueillir?
Le Christ est venu nous dire que nous étions les enfants bien-aimés d'un Père. Il nous dit aussi: Je vais vou spréparer une place et quand je l'aurai préparée, je vous prendrai avec moi. Il ne nous a jamais dit de le mériter. Il nous le donne, accueillons-le dans l'action de grâce. Saint Jean écrit: "De sa plénitude, nous avons tous reçu grâce après grâce." Jn 1, 16. Et S. Paul nous dit à l'oreille: "Rien ne pourra nous séparer de l'amour de Dieu manifesté en Jésus-Christ notre Seigneur." Rm 8, 39. Si nous avons tout reçu, soyons donc en action de grâce. Nous sommes invités à devenir des chrétiens d'action de grâce.
Devenir des êtres d'action de grâce, des êtres de bénédiction. Présenter un christianisme qui a du goût et donne envie d'y adhérer. Le Père André fossion écrit: "Le problème majeur de l'évangélisation aujourd'hui est de rendre le christianisme non seulement intelligible mais, bien davantage, désirable, bon pour la vie. La vie chrétienne trouve sa source dans une bonne Nouvelle. N'est-elle pas des lors et avant tout à savourer?" Une Nouvelle Fois, p. 31.
Ne faudrait-il pas arrêter d'aller à la messe pour apprendre ensemble à célébrer? Ne faudrait-il pas passer du "faut aller à la messe" au goût de vivre quelque chose de bon ensemble pour ensuite le célébrer en communauté? Comme le dit Gandhi: le Seigneur regarde les actes et non d'abord les paroles. C'est le vécu de la charité au quotidien qui est important, c'est cela que Dieu regarde. C'est la lumière des Mages qui les a conduit au Christ. Notre vécu de la charité au quotidien sera aussi notre lumière, notre expérience intérieure qui nous conduira ailleurs. Alors, que notre année 2017 soit une année d'action de grâce, de bénédiction, où on apprend à accueillir le don de Dieu, à le vivre et rendre grâce. Ainsi nous pourrons chanter: Cette nouvelle année nous est donnée pour découvrir et accueillir le don de Dieu.
C'est l'heure des grands souhaits et des résolutions de début d'année. Un éditorialiste écrit: "N'oubliez pas d'être heureux." C'est peut-être le souhait que je formularais aussi ce matin pour nous tous: N'oublions pas d'être heureux. Notre bonheur, notre paix intérieure dépend de nous, nous la fabriquons au jour le jour à travers les aleas du quotidien. N'oublions jamais d'être heureux. Le bonheur donne du goût à la vie, de la saveur au quotidien. Oui, en 2017, n'oublons pas d'être heureux.
N'oublions pas aussi que Jésus est venu pour que nous soyons heureux ensemble dans le respect les uns des autres. Jésus nous a enseigné une recette de bonheur, une façon de vivre ensemble qui épanouit et rend heureux. Alors ce matin en ce dernier jour de l'an 2016, je vous redis avec tout mon coeur: N'oubliez pas d'être heureux.
A vous tous et toutes fidèles amis qui me lisez, je voudrais partager ces quelques voeux de la nouvelle année.
Je vous souhaite la santé:
La santé du corps bien importante. Mais la santé, ça se préserve et s'entretient. je voius souhaite d'en prendre bien soin, de l'emmailloter bien au chaud pour l'hiver. En prendre soin n'est ni un luxe ni une mauvaise pensée.
La santé du coeur qui n'est pas moins importante. Enveloppez-la du manteau de l'amour et de la reconnaissance. Conservons un coeur qui accueille et qui partage. Un coeur rempli d'amour et de pardon pour que la vie ait du goût autour de vous.
La santé de l'esprit nourrit de pensées positives qui voit la vie belle. Un esprit ouvert sur le monde pour en voir les beautés et savoir en diminuer les laideurs.
Une santé spirituelle qui enrichit la vie de valeurs profondes et en dégage les meilleurs moments. Une santé spirituelle qui découvre la richesse de la vie et les propulse vers le meilleur. Une santé spirituelle qui enrichit les autres santés et les fait palpiter de joie et de reconnaissance.
Je vous souhaite la paix.
La paix, l'harmonie dans les relations, c'est comme un parfum de roses qui se répand sans bruit dans la pièce où elle se trouve. La paix et l'harmonie qui permettent de former le caractère, d'adoucir les agressivités et de nourrir la santé du coeur et de l'esprit.
Le Seigneur nous a donné la paix. Mais la paix donnée par le Christ veut dire aussi "être disciple complet". Cette paix du Christ je vous la souhaite aussi. Soyons ensemble de vrais disciples du ressuscité, des disciples nourris à la Parole de Dieu, formés dans l'exercice de la charité fraternelle et sanctifiés dans la communion avec Dieu dans la prière.
Je vous souhaite le Paradis.
Dans la formule traditionnelle on ajoutait: Le paradis à la fin de vos jours. Mais le paradis n'est pas pour demain, c'est aujourd'hui que nous le bâtissons au quotidien. Le Parasdis c'est de dire à quelqu'un de pas aimable ou que l'on juge tel: "JE T'AIME.
Noêl , c'est le jour des naissances. Alors dans le chaud de la maison, je médite une naissance que j'ai accueillie la semaine dernière. Je participais à un repas avec mes amis cursillistes. Nous étions neuf grands parents dont l'un sans enfants. Les gens parlaient de leurs enfants et petits enfants, des joies de les revoir à Noël. J'étais comme un étranger dans ce monde animé et heureux. J'ai essayé de lire cet événement. J'en suis arrivé à certaines conclusions.
D'abord ma vie de prêtre célibataire dans un presbytère hors du monde m'a coupé de cette vie de famille et j'ai réalisé le fossé qui s'était élargie entre nous. S'il est difficile pour les grands parents de suivre leurs petits enfants, à plus forte raison pour moi qui suis hors de ce monde. Ma tâche comme prêtre devient de plus en plus difficile parce que je suis loin du vécu des chrétiens. J'ai compris que mon langage, mon vocabulaire ne rejoignaient pas toujours leurs préoccupations et qu'il devenait normal qu'ils ne soient plus à l'écoute.
J'ai compris aussi que ce n'était plus la religion qui encadrait la vie ou prenait la première place, mais que les personnes et la vie devenaient prioritaires. Et plus on se rapproche de l'humain plus on est proche de Dieu. Jésus avait dit aux siens après la résurrection: "Allez en Galilée, c'est là que vous me verrez." Mth 28, 7. Doucement nous avons glissé de la religion et ses pratiques vers la vie et sa spiritualité. C'est un changement dont il nous faut tenir compte. Comme prêtre nous sommes beaucoup au niveau de la religion et des pratiques et ceci vient questionner notre présence pastorale.
J'ai réalisé également que chaque fois que je demande à un chrétien un service d'Église ou des présence à la catéchèse, nous ajoutons toujours de nouvelles obligations à une vie déjà surchargée. la religons devrait donner du contenu à la vie et non imposer des choses pardessus ce qui existe déjà. Nous comme célibataires ne connaissons pas ces obligations. Je sens souvent chez les chrétiens que j'aborde cette peur de se faire récupérer pour des services à l'église. C'est un contexte dont il faut tenir compte.
Une autre conclusion m'est sautée aux yeux. J'étais là avec ces gens un peu étranger à leurs préoccupations et la question m'est venu: Comment ajuster ma présence et mon langage pour rejoindre les chrétiens dans leur vécu? Le Père André Fossion écrit: "Évangéliser consiste à se porter vers les autres avec espérance pour découvrir avec eux, dans leurs lieux, au coeur de leur propre exiatence les traces du ressuscité qui toujours nous précède, qui est déjà là incognito. Se risquer à l'accueil dans le lieu de l'autre et entrer dans la converation en cour." Une nouvelle fois, p. 164. Je me suis rendu compte que retraité on se renferme facilement dans notre monde religieux à l'écart de la vie des chrétiens. Il devient de plus en plus difficile d'avoir une parole actuelle et qui éclaire les gens. Une dame me disait: Moi quand j'arrive à l'église, je prends mon Prions et je ferme le son. Signe que souvent notre parole leur est étrangère.
Je crois avoir rencontré le Dieu des surprises. "Quand le christinisme s'endort sur son trésor, s'enferme dans la langue de bois ou semble avoir épuisé toutes ses ressources, le monde séculier lui-même, par des voies inattendues vient à sa rescousse pour redonner force à l'Évangile." Fossion p. 173. Alors je me suis posé une dernière question: si nous qui avons vécu au milieu des changements de notre société, notre parole n'est plus adaptée aux besoins des chrétiens d'ici, combien il doit être difficile pour les prêtres étrangers de comprendre et de s'ajuster à notre milieu. Il faut être attentifs aux Dieu des surprises.
Noël passe encore une fois sur l'écran de nos vies. En cette année, dans un monde blessé et souffrant, je vous souhaite que le Seigneur nous donne un coeur compastissant et miséricordieux pour accueillir la misère de nos frès et soeurs en humanité.
Je souhaite aussi que l'homme-Dieu de Nazareth développe en nous et dans notre monde le goût de l'amour, de la paix, du respect des personnes, de la justice et de toutes ces valeurs profondes pour lesquelles il a donné sa vie.
Je souhaite encore que le Nazaréen, Bon Berger, suscite dans nos communautés chrétiennes les leaders spirituels dont elles ont besoin pour réaliser sa mission d'amour et de pardon.
Je souhaite aussi que le Laïc de la Galilée fasse naitre dans nos communautés chrétiennes les divers ministères nécessaires à la vitalité de la vie chrétienne.
Je souhaite toujours que les riches aient un moment d'humanité pour rétablir un peu l'équilibre dans la possession des richesses de sorte que personnes ne meurent de faim parce que d'autres ont pris la bouchée trop grosse.
Je souhaite aussi que tous nos leaders tant politiques que religieux puissent placer les personnes et leurs besoins avant les lois, les coutumes et les structures.
Enfin que tous et toutes nous goûtions la douceur de l'Évangile, soyons brasser par le vent de l'Esprit, et que la Parole de notre Dieu ne soit pas seulement un mot mais une réalité vécue parce que nous y croyons. Ainsi Noël ne sera pas seulement la fête d'un enfant dans la crèche, mais le rappel d'une personne qui nous a indiqué la route pour un monde qui a de l'allure.
Notre ami Aggée nous inspire des chemins. Le premier, il me semble, est d'apprendre à piloter. J'étais à l'aéroport de Mont-Joli dernièrement et des appareils modernes atterrissaient. Un ancien pilote derrière moi dit; "Moi, je n'aprendrai jamais à piloter ces aviosn. Nos bons vieux sont encore préférables." Je me suis dit; Lui, avant longtemps ne pilotera plus.
L'avion de notre communauté du Québec s'est modernisée. Elle est devenue laïque et en perpétuel changement. Si nous voulons la piloter, nous devons nous ajuster à cet appareil sinon nous serons des pilotes à la retraite. C'est là que l'invitation d'Aggée d'aller sur la montagne devient importante. Nous situer dans cet état d'accueil qui nous permet de comprendre la société d'ici ainsi que le message de Dieu en fonction de cette société. Rentrer dans la prière qui est communion avec Dieu et le monde. Quand Jésus a aprris aux siens à prier, il leur a dit: parler à votre Père. Apprendre à parler au Père de notre monde d'aujourd'hui pour trouver avec lui les chemins à explorer.
Il me semble qu'Aggée nous invite aussi à faire confiance au peuple. Les chrétiens sont intéressés à la vie spirituelle, à l'Évangile et à vivre ces valeurs au quotidien. Il s'agit moins de leur offrir nos projets que de découvrir avec eux ce qui répond à leurs besoins. Ce peuple est animé du souffle de l'Esprit Saint et nous n'avons pas à décider pour eux. Il faut se rendre compte que tous les projets de restructuraiton pastorale mis en place -zones et secteurs- n'ont pas donné les résultat escomptés. Soyons plus confiants dans le peuple chrétien animé du souffle de l'Esprit.
Un autre chemin qu'Aggée nous propose est de réaliser que Dieu est le principal artisan du renouveau spirituel; il ne faut pas le mettre de côté. C'est pourquoi aller à la montagne est important. Nous sommes facilement portés à inventer nos propres chemins et à vouloir que Dieu les réalise avec nous.
Nous devons explorer davantage le chemin de la Parole, le chemins de l'évangélisation. Rassembler les chrétiens autour de la parole de Dieu, vivre des fêtes de la Parole parce que c'est la Parole qui convoque, rassemble et met en état de célébrer. Aggée nous invite à développer une pastorale missionnaire, une pastorale de la Parole, une pastorale qui sort de sentiers battus. Il est urgent de développer le ministère de l'évangélisation. Les chrétiens sont de plus en plus aptes à commenter la Parole et à animer des petits groupes de partage de la Parole.
En plaçant l'accent sur le peuple, Aggée nous invite en langage d'aujourd'hui à développer le sacerdoce baptismal fondement de toute vie d'Église. Le baptême se déploie dans la commuanuté en une planoplie de services et de ministères pour répondre aux besoins des chrétiens. Ceci permettrait aussi de replacer le ministère ordonné dans son vrai rôle de rassembleur et d'artisan de la communion. Le Pape François disait aux prêtres: Nous ne sommes pas là pour dire aux chrétiens quoi faire, il le savent aussi bien que nous. Nous sommes là pour les accompagner spirituellement. Et Jean-Paul 11 disait: "Le ministère ordonné existe pour permettre aux ministères des baptisés de s'exercer pleinement." D'ailleurs le Concile l'a bien noté dans le décret sur la vie et le minstère des prêtres.
Un autre chemin à redécouvrir est le ministère des femmes dans l'Église. A partir de la Bible, nous devrions explorer le ministère de la femme qui à mon sens est complémentaire et aussi important que celui de l'homme. Il y a là une piste de recherche pour le peuple chrétien aidé des penseurs chrétiens. "Il n'y a plus ni juif, ni grec, ni homme, ni femme, car tous ne forment qu'un dans le Christ." Gal. 3, 28.
Voila ce qu'Aggée m'a inspiré, est-ce que cela vaut la peine de s'y arrêter? A vous d'en juger. Ces méditations M'ont été inspiré par le magnifique petit livre de Marc Girard sur Aggée.
Notre ami Aggée nous invite ce matin à regarder d'abord quel temple nous devons rebâtir. Si je regarde notre monde, je crois que le premier temple un peu endolori est la personne, le corps humain. S. Paul ne dit-il pas en 1 cor. 6, 19. "Ne savez-vous pas que votre corps est un temple de l'Esprit Saint qui est en vous et que vous tenez de Dieu." Ce temple est profané dans le corps des enfants victimes de violence, d'agression et souvent exploité sur le marché du travail; ce temple est malmené dans le corps des femmes victimes de violence et d'agression, dans le corps des travailleurs que l'on jette souvent sur le carreau sans travail comme une vieille quenille dont on n'a plus besoin. Ce temple de l'Esprit est malmené aussi dans le corps des vieillards mal soignés. Rebâtir le temple de Dieu ne serait-ce pas travailler à redonner la dignité à toutes ces personnes qui l'ont perdue.
Un autre temple qui vit ses jours difficiles est la famille. Les relations humaines sont difficiles et la famille en subit les conséquences. La famille traditionnelle a de la misère à garder son souffle et de nombreuses blessures en sont générées. Cette Église domestique a besoin de support et de lumière. C'est un temple important dans la société et l'Église.
La communauté chrétienne est aussi un temple à rebâtir. La communauté est l'assise principale de toute vie en Église. Nos communautés sont effritées et un vide spirituel a fait place à la pratique sacramentelle vécue dans le passé. Le documentaire"l'heureux naufrage" nous en trace un bon tableau. La communauté n'est pas nécessairement la paroisse aujourd'hui. Dans une paroisse il peut y avoir plusieurs communautés et la paroisse devient une communion de communautés. Différentes et intéressantes pistes de réflexion nous sont proposées: Réinventer la paroisse, la paroisse en éclats. La paroisse met davantage l'accent sur le territoire et son fonctionnement tandis que la communauté met l'accent sur les personnes et le vécu. Inspirons-nous d'Éphésiens 2, 19-23.
Ces temples de Dieu blessés et brisés nous invitent à sortir vers les frontières comme nous y invite le Pape François. Il nous faut sortir de nos liturgies et retrouver la dimension missionnaire de notre Église. Et pour cela il nous d'abord aller sur la montagne. "Allez sur la montagne et rapportez le bois pour bâtir le temple." Agg. 1, 6.
Aggée invite son monde à gravir la montagne pour rencontrer le Seigneur. Aller sur la montange, c'est se placer dans cet état intérieur qui nous permet de saisir le message de Dieu. Je m'arrête un moment au chapitre 22 de Genèse qu'on intitule: Le sacrifice d'Isaac. Abraham venu d'UR vers Canaan pour devenir le père d'un peuple nombreux comprend que Dieu lui demande de sacrifier son fils. Il part avec son âne et des serviteurs qu'il laisse au pied de la montagne indiquée par Dieu. Sur le sommet, au moment de sacrifier Isaac, il comprend autrement le message de Dieu et sacrifie un bouc. L'âne est le symbole de nos lourdeurs terrestres, de tout ce qui nous empêche de rencontrer le Seigneur. Abraham laisse tout cela au pied de la montagne. Libre, il comprend mieux le message de Dieu et sacrifie un bouc. Le bouc est l'image du père, de l'autorité, du pouvoir. Il se convertit à son rôle de père pour laisser Isaac libre, Dieu les bénit et ils eurent une descendance aussi nombreuses que le sable au rivage de la mer et les étoiles au firmament. Abraham a compris que par sa façon d'être père, il étouffait Isaac et qu'il n'aurait jamais de descendance. Aller sur la montagne, c'est se placer en état de comprendre notre mission dans le monde d'aujourd'hui; c'est nous placer en état de comprendre ce que signifie aujourd'hui: "Faites des disciples," "Faites ceci en mémoire de moi." Aller sur la montagne, c'est se convertir pour annoncer l'Évangile dans une société laïque et en perpétuel changement. Quels sont les chemins proposés? Nous y reviendrons.
Plus...
Le bon Monsieur Aggée est entré dans notre histoire vers 520 avant Jésus Christ environ 18 ans après le retour du peuple d'exil de Babylone. A leur retour d'exil, les juifs retrouvent une Jérusalem dévastée et le temple détruit. Ils s'installent dans leur maison et ne s'occupent pas de reconstruire le temple. Alors Aggé intervient au nom de Dieu et dira: "Est-ce le temps de rester dans vos maisons quand le maison de Dieu est dévastée.Agg. 1, 4. Le premier réflexe du peuple fut de s'occuper de leur confort avant la communauté.
On peut se demander si nous ne faisons pas la même chose. Depuis la Révolution tranquille et le Concile, la vie de la société est changée complètement, nos églises se sont vidées, et le documentaire "l'Heureux naufrage" nous a fait comprendre le vide qui s'est installé dans la vie de ces chrétiens partis.Pendant ce temps nous avons structuré notre Église et sommes restés bien confortablement assis dans la liturgie. Notre premier réflexe fut de sauver nos acquis mais les chrétiens sont partis quand même.
Alors le prophète Aggée va dire au peuple: "Regardez les chemins que vous avez pris" et du même coup prenez conscience où cela vous a conduit. On a répété à souhait depuis 40 ans que nous avions sacramentalisé les chrétiens et peu évangélisé. Nous nous sommes refermés sur les sacrements et la liturgie et comme c'était des rites, le peuple ne se sentait plus nourrit et s'est retiré. Nous avons élaboré des plans de catéchèse, mais les lendemains se font attendre. la parole d'Aggée devient actuelle: "Regardez bien les chemins que vous avez pris." N'avons-nous pas oublié les communautés? J'entends souvent: Dans telle paroisse, il n'y a plus que trois ou quatre personnes à la messe, on va fermer ça et ils viendront à la paroisse voisine. L'important n'est plus la communauté, mais le nombre de personnes à la messe. Réfléchissez bien aux chemins que vous avez pris.
"Vous avez mangé mais pas à votre faim, vous avez bu mais pas rassasiés, vous avez beaucoup semé mais peu engrangé, vous avez mis votre salaire dans des bourses percées." Agg. 1, 6-8. Nous avons célébré beaucoup de messes, parfois plusieurs dans la même journée et dans la même paroisse, vous avez communié régulièrement, vous avez vécu des moments de ressourcement fréquents, mais sans jamais satisfaire la faim du peuple. Alors questionnons le contenu, questionnons nos rites; la nourriture donnée dans ces célébrations est passée directement sans nourrir le peuple chrétien. Nous avons mis beaucoup d'énergie à ériger des structures qui sont disparues. Réfléchissez aux chemins pris et où ils vous ont conduit nous dira Aggée.
Aggée s'adresse à Zorobabel, haut commissaire de Juda, et à Josué le grand prêtre et à travers eux rejoint le peuple. Quand je lis ce texte d'Aggé aujourd'hui, comme prêtre, je suis fondamentalement questionné et j'aurais du le lire mieux quand j'étais au travail. Ne sommes-nous pas restés aux rites plutôt que d'entrer en célébration? Ne sommes-nous pas restés rivés aux dévotions et avons oublié là prière? Réfléchissez bien aux chemins que vous avez pris. Est-ce que notre Église n'est pas devenue un système qui défend d'abord ses traditions, ses structures, sa sainte doctrine au détriment de la mission et de l'évangélisation? Notre ami Aggée viendra-t-il réveiler notre conscience missionnaire? Au prochain rendez-vous ....
Craig smith et Paul Rigby: Il faut sauver la ruche, une fable sur le leadership et le changement. Ed. Le Dauphin Blanc, 2016. Les auteurs inventent une fable vécue dans deux ruches différentes où les abeilles besogneuses se voient confrontées à une situation nouvelle et menaçante. le champ de fleurs où elles puisaient le nectar est disparu sous la charrue du propriétaire et les abeilles sont démunies et menacées de disparition. Quelques abeilles plus curieuses découvrent en cachette un autre champ de fleurs et permettent à la ruche de survivre.
Elles découvrent ce nouveau champ grâce à une visite impromptue dans une autre ruche plus adaptée aux changements. Elles découvrent un autre monde de fonctionnement où les abeilles donnent leur opinion et participent aux décisions.
Nous vivons dans un monde en changement parfois difficile à suivre. Notre Église un peu comme la ruche est prise au dépourvue par les changements de la société et a perdu son champ de fleurs qui assurerait sa survie. Des prophètes et des visionnaires se lèvent pour éclairer le chemin et proposer d'autres champs de fleurs. Le Pape François en indique plusieurs mais la ruche a de la difficulté à suivre. Souvent les meilleures réponses viennent des personnes du terrain et mettent en question nos sécurités ou nos grands projets ecclésiaux. Il m'est évident que si j'avais médité cette fable il y a trente ans, certaines décisions auraient changé de vision. Nous aurons certes intérêt à nous asseoir dans la Galilée de nos paroisses pour écouter la voix de ceux et celles qui ont quitté mais qui ont beaucoup de choses à nous apprendre. Sauver la ruche nous indique des chemins pour sauver nos communautés.
Le temps de l'Avent sera un temps propice pour l'opération cocotte. Qu'est-ce que l'opération cocotte? Quand on brasse un arbre plein de cocotte, celles-ci tombe à terre et nous pouvons les ramasser. L'opération cocotte suffit de brasser tous les arbres porteurs de cocottes pour remplir des paniers. L'abondance de cocottes dans un arbre en diminue la beauté et retarde sa croissance et souvent fait perdre des feuilles.
Dieu dira au peuple par la voix du prophète: je brasserai le peuple, il n'en restera qu'un petit peuple, un petit reste. L'arbre de notre Église est dépouillé de ses cocottes et il ne reste plus qu'un petit reste. Un petit reste fidèle mais qui porte une lourde mission, celle de faire reproduire notre ecclésial de ses nombreux et savoureux fruits d'amour, de paix, de charité, de miséricorde. Après avoir été dépouillé par le tsunami de la révolution et du Concile, après avoir été purifié par le vent de la pauvreté, il nous faut maintenant faire renaitre à Noël prochain un nouvel arbre rempli de nouvelles cocottes belles à voir.
Dans l'Écriture, il est dit qu'une femme est enceinte et a donné naissance au Messie annoncé depuis des siècles. Parlons donc au présent: Une Église est enceinte du Messie Fils de Dieu qui demande à naitre dans notre salle commune, qui veut être couché dans la mangeoire de notre vie quotidienne, être emmailloté dans les langes de notre amour et de notre fraternité, être reconnu dans toutes les mangeoires du monde même si ce n'est pas celles que nous voulons ou souhaitons.
Faisons l'opération cocottes, brassons l'arbre de nos sécurités, de nos idées toutes faites, de nos traditions, de nos cocottes dépassées par la vie. Enlever les cocottes qui retardent la roissance de notre arbre spirituel, qui nous font perdre des feuilles dans nos communautés, enlever les cocottes de la rigidité, de la routine ... Au lieu de présenter un bébé dans une crèche, présentons un Jésus ressucité qui rassemble les humains de par toute la terre. Ne nous contentons pas de présenter un homme crucifié, cloué sur le bois de la croix, mais un être victorieux de la croix, de la mort, du mal et qui nous entraine à sa suite sur la route de béatitudes. Brassons notre arbre et laissons tomber les cocottes qui embarassent notre marche. Ce temps de l'avent est un temps de conversion au vrai Messie Fils bien-aimé du Père. Notre Église est enceinte, laissons naitre ce nouveau Messie.
Ma méditation sur Nazareth me pousse à un autre cran:
La spiritualité de Nazareth en est une de pauvre. Nazarerth est le lieu de la vie, de la communauté, lieu où la personne est plus importante que les lois et les rites. A Nazareth, il n'y a pas de calice en or, de vêtements colorés et flamboyants comme à Jérusalem. On appelait nazaréen, les gens du peuple qui trimaient fort et mettaient de l'importance sur la vie et non sur les rites. C'était à l'opposé de Jérusalem avec son temple et ses rites. La spiritualité de Nazareth se célèbre dans les champs, au milieu de la vie et d'une façon très simple. C'est là que Jésus affirme à la samaritaine: L'heure vient où vous n'adorerez plus sur la montagne (comme les grecs) ni au temple (comme les juifs) mais en esprit et en vérité. La spiritualité de Nazareth est authentique, basée sur la vie et simple.
La spiritualité de Nazareth est une spiritualité de libération. Comme elle est basée sur la vie et le respect des personnes et non sur les rites et le respect des lois, elle est libératrice. Elle libère les gens du joug des observances en dehors de la vie. Les lois sont des lois qui doivent être appliquées et ne s'occupent pas des personnes ou des situations vécues. La spiritualité de Nazareth ne se pose pas de question sur le permis ou le défendu, mais sur le sens des choses et des événements. A Jérusalem on se dit: cela n'est pas permis, tu n'as pas le droit; à Nazareth on se dit: cela n'a pas de sens et ne fait pas vivre. La vie religieuse est basée sur la relation à Dieu et non sur des rites et des façons de faire.
Alors, ce matin, je me dis: Nazareth s'ymbolise tous ces gens des frontières qui ont pris leur distance face aux rites religieux mais sont à la recherche de spiritualité et de sens; Nazareth représente tous ces pauvres, ces marginaux de la société et de l'Église qui sont en quête de valeurs et de respect. Nazareth est le lieu du charisme, de l'engagement et où la communauté fait les rites et célèbre sa liturgie. Nazareth est le lieu où la Parole de Dieu et les prophètes animent le peuple et réchauffent les coeurs. C'est là que le Christ ressuscité envoie ses apôtres au matin de Pâques et du même coup, c'est là aussi que nous sommes envoyés. Nazareth est le lieu de l'incarnation du Christ et du christianisme, Jérusalem est le lieu où on le met à mort.
Suis-je dans le clos quand je pense qu'aujourd'hui encore, nous sommes plus à Jérusalem qu'à Nazareth?