J'ai voulu impressionner Dieu. Voila ce que découvre ce matin dans ma méditation. J'ai connu un Dieu qui se laisse impressionner par nos bonnes ou mauvaises actions. Si tu agis bien, Dieu te récompense, sinon il te punit. Cette vision de Dieu a marqué une bonne partie de ma vie. En lisant les Évangiles, j'ai découvert que Dieu n'est pas impressionnable. Il nous aime trop pour se laisser impressionner par nos actions. Dieu nous aime tel que nous sommes d'un amour infini qui n'a pas de rapport avec ce que je fais mais avec ce que je suis.
Dieu m'a fait, nous a fait, comme Lui et pour Lui. Dans la mesure où je découvre et vis cette réalité ma vie sera de plus en plus conforme à ce que je suis: L'enfant bien-aimé du Père. Dans toute vie humaine, il y a des erreurs de parcours, des crises de croissance que nous appelons des péchés. Sans minimiser la place du péché, j'aime parler de difficultés de croissance, d'erreurs de parcours, de blessures qui causent du mal de vivre, mais Dieu m'aime comme cela et me conduit plus loin si je veux bien le suivre.
Quoique je fasse n'ajoute rien à Dieu, ne change pas ses relations avec moi; cela peut changer quelque chose en moi, c'est moi qui change. Je ne peux rien faire pour que Dieu m'aime davantage, comme rien de ce que je fais ne diminue l'amour de Dieu pour moi. L'être humain est au coeur du plan de Dieu avec une grande dignité et une grande valeur. Si nous comprenions cela vraiment, y aurait-il encore tant d'enfants maltraités, de femmes violentées, d'écoles insalubres, ... Est-ce que nous continuerions à juger l'être humain seulement à son rendement et non aussi à sa valeur humaine, Est-ce que nous ne prendrions pas un peu plus soin des mal gommés de la société même s'il ne sont pas rentables économiquement ou politiquement? N'essayons plus d'impressionner Dieu, mais levons-nous pour proclamer et défendre ce que nous sommes: Des êtres humains objets d'un amour infini et d'une valeur sans égale. C'est le premier pas de l'évangélisation.
L'année de la miséricorde va bon train. En méditant, ce matin, je m'arrête aux sacrements. Il me semble que durant cette année nous devrions reformuler nos sacrements spécialement celui du pardon. si les chrétiens ont délaissé les sacrements, ce devrait être une invitation à en revoir le sens et la célébration.
Nous avons tous appris le définition du petit catéchisme: "Un signe sensible institué par Jésus Christ pour donner la grâce." L'accent est mis sur des choses: signes et grâce. Ceci a contribué à développer la célébration, le rite et nous avons mis l'accent sur le législatif, sur la validité, et le juridique a pris le dessus sur le théologal et la conscience. Comme nous le disent certains théologiens: nous avons chosifié (rite) et instantifié (célébration) le sacrement. Comme le sacrement n'était pas une expérience spirituelle et humaine, les chrétiens s'en sont écartés.
Le sacrement est une action du Christ dans ma vie signifée par des signes puisqu'il s'agit d'une expérience spirituelle. C'est une expérience que je fais avec le Christ et que je célèbre en Église. Dans le sacrement, il y a un temps et un moment. Le temps est le vie et le moment est la célébration. Ma vie est eucharistique que je célèbre un moment en communauté. Ma vie est une expérience de pardon avec Dieu et les autres, je m'arrête un moment pour célébrer cette réalité. Parce que je suis un pécheur pardonné, je vais célébrer le pardon et cette rencontre avec le Christ me donne des forces pour avancer sur la route du pardon et de la communion avec Dieu et les autres en Église. Je suis au niveau d'une relation qui me nourrit et me conduit plus loin.
Les hommes n'ont pas fait la terre ronde, ils ont découvert qu'elle était ronde. Je ne vais pas voir mes parents pour devenir leur enfant, mais parce que je le suis. Il devrait en être ainsi pour le ssacrements. Nous n'allons pas voir Dieu "pour" mais "parce que." C'est ce que Mgr Charbonneau écrivait«: "Nous avons aujourd'hui à nous mettre en état de conversion afin de passer d'une Église de définitions scholastiques (intellectuelles) à une Église d'expériences spirituelles et humaines." L'année de la miséricorde ne devrait-elle pas nous permettre de faire un petit pas dans cette conversion? Nous devons sortir du tribunal de la pénitence pour célébrer le "baiser d'amour du seigneur" comme dit le Pape François. J'en suis là ce matin dans ma méditation.
Ce matim, "journée des femmes," j'ai présidé l'Action de Grâce avec un groupe de personnes venues partager ce moment de fraternité et de communion. Il y avait des jeunes, des moins jeunes et des personnes âgées, des veufs, des célibataires, des religieuses et des couples en amour.
J'ai proposé comme Évangile la lecture et méditation des béatitudes écrites par le Pape François. "Heureux les miséricordieux. Heureux ceux qui savent se mettre à la place de l'autre pour le mieux comprendre. Heureux ceux qui sont capables d'embrasser, de pardonner. Heureux ceux qui sont porteurs d'une nouvelle vie, nouvelles opportunités. Heureux ceux qui travaillent, luttent pour que la Bonne Nouvelle arrive. Heureux ceux qui sont capables d'aider les autres dans leurs erreurs au lieu de les juger. Heureux ceux qui voient ce qui est bon en l'autre.
Je me disais aussi, si nous savions méditer le texte de la création où Dieu les créa homme et femme à son image et ressemblance. Donc des êtres égaux qui forment l'être humain. C'est ensemble que nous formons l'image de Dieu et sa ressemblance. Et Jésus dira en Mathieu 19: "Ce que Dieu a unit que l'homme ne le sépare pas." Je crois aussi que le sacerdoce du Christ n'est vécu et exercé pleinement que dans l'exercice en cooresponsabilité et en complémentarité du ministère de l'homme et de la femme au service de la communauté.
Heureux ceux et celles qui sauront voir et développer en cooresponsabilité ces charismes déposés dans le coeur de frères et soeurs en Église. En relisant ces textes, je méditais mes années de ministère et je me disais nous avons fait un "très petit bout de chemin." Demain en me levant je dirai: Il y a encore un autre bout à faire.....
Ce matin, j'ai le coeur à la tendresse. Il me semble que malgré les difficultés, nous vivons un moment fort intéressant parce que nous sommes à la recherche du sens et de la vérité de la vie et des choses. J'écoute la vie de l'Église et nous sortons doucement du ritualisme pour retrouver le sens de ce que nous célébrons.
Quelqu'un écrivait un jour concernant la liturgie, "le prêtre préside la prière d'une communauté rassemblée par le Christ". C'est le Christ qui rassemble les chrétiens à l'église le dimanche et je suis mandaté pour accompagner la prière du peuple de Dieu. Hier, j'apprenais à faire de beaux rites ou à bien respecter les lois liturgiques; aujourd'hui, je suis davantage centré sur le sens et la valeur de ce que je fais. Et c'est pour cette raison que bien souvent je dis: "Le Seigneur est avec vous" pour ouvrir la célébration. Je pose un acte de foi en la présence du Christ dans la communauté. Celle-ci est le premier lieu, le premier sacrement de la présence du ressuscité. C'est une façon de dire aux gens qu'ils sont le sacrement du Christ ressuscité. Ça me met le coeur à la tendresse.
Beaucoup de chrétiens aujourd'hui essaient de se bâtir une spiritualité au quotidien qui corresponde à leur vécu. Nous sommes moins tournés vers la religion et plus sur la spiritualité. Pour moi, c'est une bonne nouvelle. Je pense aux funérailles où les gens cherchent une célébration qui les rassemble et les fait prier. Ils sont davantage tournés vers le sens du geste que vers le rite. Ça me met le coeur à la tendresse.
Je regarde les parcours catéchétiques dans les paroisses, ils sont des moments privilégiés pour aider les chrétiens à se bâtir en famille une spiritualité qui les nourrissent. Ensemble pendant quelques mois, ils vivent des temps de fraternité où une communauté se bâtit autour de Jésus Christ. Ensemble ils découvrent ce qu'est l'Église et ne sont pas toujours prêts venir à la grande communauté paroissiale, mais ils vivent ensemble la communauté et devraient apprendre à célébrer ensemble pour un renouveau de l'Église. Ça me met le coeur à la tendresse.
Il s'agit là d'une vision d'Église à développer et d'une mentalité à vivre. Les chrétiens reprennent le cri de Jésus: J'ai soif. Oui, j'ai soif d'amour, de bonté, d'accueil, j'ai soif de voir le visage de la miséricorde dans le miroir de mon Église. Ça me met le coeur à la tendresse.
Nous sommes en plein carême. Un temps précieux pour méditer le mystère de notre vie spirituelle. Je me suis arrêté à méditer la passion de Jésus. Non la passion du vendredi saint, mais celle qui l'a fait vivre. Nous parlons beaucoup de la souffrance de Jésus; des fois je me demande si nous ne sommes pas un peu masochisme. J'aime bien méditer la passion qui a fait vivre le Christ, passion qui l'a conduit à la croix, passion qu'Il nous a donnée le jeudi saint au soir.
"Je suis venu allumer un feu sur la terre, et comme je voudrais qu'il soit déjà allumé." Lc 12, 49. "Ma nourriture est de faire la volonté de celui qui m'a envoyé." Jn 4, 34. "Aimez-vous les uns les autres comme je vous ai aimés." "Je suis le Bon Pasteur, je connais mes brebis et elles suivront ma voix." Jn 10,. Voila la passion de Jésus Fils de Dieu. Sa passion fut d'allumer le feu de l'amour, du pardon, du respect des personnes, de la miséricorde dans le coeur de l'être humain. Sa passion fut de défendre les pauvres, les petits, les veuves et les orphelins. Il a donné à manger aux affamés: nourriture du corps, du coeur et de l'esprit. Il a eut pitié de la foule affamée, il l'a prise en charge et l'a nourrie en l'enseignant et lui donnant du pain. Mc 6, 34.
La fidélité à cette passion l'a conduit à la croix. Il a affronté les pouvoirs religieux et civil et est demeuré fidèle à sa passion. Cette passion l'a fait vivre et l'a fait mourrir. C'est la fidélité du Christ qui nous a sauvés. Cette passion, Jésus nous l'a donnée le jeudi saint au soir en nous disant "Faites ceci en mémoire de moi." Notre carême devrait nous faire méditer cette grande passion de Jésus Christ afin qu'elle devienne davantage nôtre aujourd'hui. Il me semble que notre société actuelle nous invite à vivre encore plus intensément cette passion de Jésus. Le sort fait aux femmes et aux enfants partout au Québec et surtout sur les réserves des amérindiens. Les pauvres s'appauvrissent toujours plus, les relations humaines sont de plus en plus difficiles, nous sommes invités à faire nôtre la passion de Jésus Christ. Le vendredi saint nous serons témoins de la fidélité de Jésus et nous pourrons questionner notre propre fidélité. Nous pourorns contempler cet homme de miséricorde et du service rendu dans l'amour et questionner notre propre fidélité dans le service.
Je viens de terminer un livre sur les valeurs dont on parle peu. L'auteur fait référence aux valeurs d'hier que la vie a un peu basculées. Ces valeurs vécues différemment par notre monde d'aujourd'hui.
Je recevais en même temps un vidéo réalisé par un jeune professeur de Laval sur la spiritualité contemporaine. L'auteur nous fait voir que nous sommes passés d'une identité religieuse héritée à une responsabilité de ma vie spirituelle. L'être humain ne veut plus simplement adopter des valeurs ou religion reçues mais veut bâtir sa vie spirituelle à partir d'expériences quotidiennes. Il veut devenir repsonsable de sa spiritualité.
Ce sont deux regards différents mais vrais d'une même réalité. Ceci me fait mieux comprendre ce qui se passe autour de moi. Les chrétiens ont délaissé la religion souvent imposée pour devenir responsables de leur vie spirituelle. Ils veulent vivre une spiritualité qui les nourrit et les fait vivre. C'est ce que me disent les personnes d'ici qui ne veulent pas de rites funéraires à l'église et demandent une célébration au salon funéraire, dans un lieu où ils se sentent davantage rassemblés et avec un type de célébration qui rejoint mieux leurs besoins et leur sensibilité. Nous vivons la même réalité avec les autres sacrements. Les gens se situent davantage au niveau du sens que du rite.
En méditant ces deux visions, je me disais: nos églises ferment faute de ressources, elles sont vides,ne serait-ce pas un appel à passer à autre chose? Ne serait-ce pas un appel à découvrir la spiritualité au quotidien qui nous conduirait à une vie chrétienne plus riche et à des types de célébrations plus nourrissantes? Il est évident que les plus âgés voudraient retrouver leurs valeurs d'hier. Il est aussi évident que les jeunes générations ne sont plus là. Un fossé s'est creusé entre les deux mondes. Serons-nous capable de refaire des ponts? Serons-nous capable de voir positivement la démarche de nos soeurs et frères chrétiens qui ne marchent pas au même rythme que nous sur la route de la vie chrétienne? Nous ne sommes plus au temps de fermer des églises et des paroisses, mais à celui de bâtir des communautés de chrétiens responsables.
Ce matin à l'Eucharistie, j'ai répété le mot: "Au moment d'être livré", je me suis arrêté un moment pour réfléchir au moment où aujourd'hui en 2016, Jésus est encore livré. Hier on nous apprenait l'état lamentable dans lequel des inuits étaient gardés dans les cellules du poste de police de leur région: au moment où il fut livré... Je pensais à la souffrance des victimes de pédophilie qui sortent de l'ombre de plus en plus nombreux: au moment où il fut livré ... Je pensais à toutes ces femmes disparues et victimes d'un système patriarchal: au moment où il fut livré ... Je pensais à tous ces ouvriers que l'on jette sur le carreau comme de vieilles guénilles: au moment où il fut livré ... Je pensais à tous ces hommes de pouvoirs plus rapides à défendre leur poste que les personnes: au moment où il fut livré ...
Nous pourirons allonger la liste. La Passion du Christ d'il y a 2000 ans est terminée, celle d'aujourd'hui continue. Notre chemin de croix, ce n'est pas à l'église devant des images que nous devons le faire mais devant chaque maison de souffrance, d'injustice, d'intimidation ... Comme chrétiens supposément disciples du Christ, ne nous donnons-nous pas trop vite bonne conscience à genoux dans l'église alors que le Christ est toujours livré autour de nous? jean Vanier disait: "Si tu ne peux pas t'agenouiller devant les crucifiés de la vie, tu ne peux le faire en vérité devant le Grand crucifié".
Le Christ a donné une mission, une passion à vivre et nous en avons fait un rite. Au moment où il fut livré Jésus nous a envoyés en mission dénoncer l'injustice, défendre le pauvre, la veuve et l'orphelin et nous nous sommes repliés sur les sacrements. La porte de la miséricorde à ouvrir ne serait-elle pas celle du coeur et non de béton? Ce matin, j'ai le coeur un peu en bouilli devant la souffrance que la télé dépose dans mon salon et que je n'entends plus la voix de mon Église et je sens mon impuissance. Je demande pardon au Seigneur de notre silence. Voila mon carême.
"Le jeûne qui me plait, dit le Seigneur n'est-ce pas faire tomber les chaines injustes, délier les attaches du joug, rendre la liberté aux opprimés; partager ton pain avec celui qui a faim, recueillir chez toi le malheureux sans abri, couvrir celui qui est sans vêtement, ne pas te dérober à ton semblable." Is. 58, 6 ... Voila le carême de la miséricorde.
Poussé par l'esprit Saint, Jésus est allé au désert le temps nécessaire pour se situer devant sa mission de Messie et de Fils bien-aimé du Père. Il est allé au désert renouer avec ses racines de Fils de Dieu et faire les choix nécessaires pour être fidèle à sa mission. Ses choix furent ceux annoncés par Isaïe. La passion de toute sa vie fut de prendre partie pour le faible, le pauvre, le mal aimé, la veuve et l'orphelin.
le caême doit être pour nous aussi ce temps nécessaire pour renouer avec nos racines d'enfant de Dieu et de faire les choix importants dans notre monde de 2016. le jeûne de nourriture est abandonné mais le vrai jeûne demandé par le Seigneur est de plus en plus nécessaire. Les jeunes ont de plus en plus soif d'amour, de tendresse; ils ont soif de modèles qui les attirent en avant avec des valeurs à leur portée. L'injustice comme la violence, l'agressivité et le non respect sont inscrit au menu quotidien. Les familles ont de la difficulté à trouver une stabilité pour le mieux être des enfants. Notre carême est ce temps de désert pour retrouver mes racines d'enfant de Dieu, et de faire les choix importants pour réchauffer notre monde grelotant.
Il nous faut allumer le feu de l'Esprit Saint, ce feu que le Seigneur désirait tant voir allumer sur la terre. Le feu de la tendresse, de l'amour, du pardon de Dieu. Cette année offrons au Seigneur le jeûne qu'il aime et pas seulement celui que nous préférons. Nous nous sommes inventés un jeûne de nourriture et nous avons peut être négligé le vrai jeûne que Dieu aime. Soyons des amoureux de Dieu et du prochain et jeûnons de tout ce qui nous empêche de vivre pleinement cet état d'enfant bien-aimé du Père.
"Le jeûne qui me plait, dit le Seigneur n'est-ce pas faire tomber les chaines injustes, délier les attaches du joug, rendre la liberté aux opprimeés. Partager ton pain avec celui qui a faim, recueillir chez toi le malheureux sans abri, couvrir celui qui est sans vêtement, ne pas te dérober à ton semblable." Is. 58, 6 ... Voila le carême de la miséricorde.
Poussé par l'esprit Saint, Jésus est allé au désert le temps nécessaire pour se situer devant sa mission de Messie et de Fils bien-aimé du Père. Il est allé au désert renouer avec ses racines de Fils de Dieu et faire les choix nécessaires pour être fidèle à sa mission. Ses choix furent ceux annoncés par Isaïe. La passion de toute sa vie fut de prendre partie pour le faible, le pauvre, le mal aimé, la veuve et l'orphelin.
le caême doit pour nous aussi ce temps nécessaire pour renouer avec nos racines d'enfant de Dieu et de faire les choix importants dans notre monde de 2016. le jeûne de nourriture est abandonné mais le vrai jeûne demandé par le Seigneur est de plus en plus nécessaire. Les jeunes ont de plus en plus soif d'amour, de tendresse; ils ont soif de modèles qui les attirent en avant avec des valeurs à leur portée. L'injustice comme la violence, l'agressivité et le non respect sont inscrit au menu quotidien. Les familles ont de la difficulté à trouver une stabilité pour le mieux être des enfants. Notre carême est ce temps de désert pour retrouver mes racines d'enfant de Dieu, et de faire les choix importants pour réchauffer notre monde grelotant.
Il nous faut allumer le feu de l'Esprit Saint, ce feu que le Seigneur désirait tant voir allumer sur la terre. Le feu de la tendresse, de l'amour, du pardon de Dieu. Cette année offrons au Seigneur le jeûne qu'il aime et pas seulement celui que nous préférons. Nous nous sommes inventés un jeûne de nourriture et nous avons peut être négligé le vrai jeûne que Dieu aime. Soyons des amoureux de Dieu et du prochain et jeûnons de tout ce quinou sempêche de vivre pleinement cet état d'enfant bien-aimé du Père.
J'écoutais l'émission "tout le monde en parle" hier soir et je suis resté muet et questionné. Des femmes exprimaient leur passion pour la défense des droits des femmes, le repect et surtout l'aide aux jeunes filles victimes de gangs de rues. Un homme de pouvoir est venu défendre ses positions louables sur le projet de pipeline. Qand ces dames lui ont posé la question des gangs de rue ou des filles victimes, il a réagi à mes yeux comme un bloc de marbre. Il s'est enfargé dans les dédales de la loi à tel point qu'une dame lui a demandé s'il savait de quoi elles parlaient. Je n'ai pas senti d'empathie avec la passion et la souffrance de ces dames. J'ai fermé ma télé et suis resté songeur. Et en fermant les paupières pour la nuit, une autre question est montée sur le silence de mon Église devant ces horreurs humaines. Et ce matin en sirotant mon café, je relisait l'article de Cécile Wakil sur le silence de mon Église dans la Revue Appoint. Je fais partie de cette Église et donc complice de ce silence. L'année de la miséricorde va-t-elle nous convertir?
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Dans quelques jours, nos entrerons en carême. les vieux nous disent: nous n'avons plus de carême, les jeunes ne savent pas de quoi on parle. Le carême a"foutu le camp." Nous ne connaitrons plus le carême que nous avons vécu. Mais ne sommes-nous pas placés pour découvrir une autre façon de vivre le carême. J'y reviendrai dans une autre méditation.
Le carême s'ouvre par la célébration des cendres. J'ai toujours été mal à l'aise devant cette célébration qui n'avait rien de bien stimulant pour la foi: "Souviens-toi que tu es poussière et que tu retourneras en poussière." Ça ne m'apparaissais pas très reconnaissant pour un être créé à l'image et la ressemblance de Dieu. La formule a été changée: "Convertis-toi et crois à la Bonne Nouvelle."
En méditant cet événement des cendres, je me suis dis: les cendres ont passé par le feu, le feu qui réchauffe, éclaire, rassemble. Le feu de l'Esprit en moi ne détruit pas mais fait grandir. Il me semble qu'en recevant les cendres, je me mets en état de me laisser réchauffer par le feu de l'ESprit qui m'habite; ce feu de l'amour, du pardon, de la miséricorde, de la tendresse d'un Père. Non pas un feu qui me détruit pour me réduire en poussière, mais un feu qui fait grandir en moi l'enfant de Dieu que je suis.
Notre monde est rempli de violence, d'agressivité, de relations brisées, notre monde a froid. Ce feu de l'Esprit est éteint et les cendres ne sont pas très chaudes. Alors cette année, dans notre carême, laissons passer ce feu de l'Esprit pour réchauffer notre monde. "Je suis venu allumer un feu sur la terre et comme je voudrais que ce feu soit déjà allumé." Voila la passion de Jésus, voila notre mission du carême: allumer le feu de l'Esprit, de l'amour, de la miséricorde... Et nous devrions jeûner de tout ce qui nous empêche d'allumer ce feu autour de nous. Nous sommes dans l'année de la miséricorde donc pas de meilleur temps pour oublier le carême de performance et entrer de plein pied dans le carême de la gratuité. Dans ce carême de la miséricorde, allumons ce feu de l'Esprit qui réchauffe les coeurs et donne le goût de vivre.
En méditant l'Évangile et avec des lumières de savants biblistes, j'ai hésité devant une grande question. Mathieu en bon juif unit très peu l'homme et la femme dans ses récits. Il parlera de l'annonciation à Joseph. Pour le juif la femme est un objet de possession pour l'homme. Luc au contraire parle souvent des deux et il parlera de l'annonciation à Zacharie et à Marie, dans la présentation de Jésus au temple, il parlera de Siméon et de Anne. Luc est un grec, il parle aussi au grec donc il ne conserve pas la mentalité juive devant les femmes. Ce sont deux être égaux et d'égale importance.
Je me demandais pourquoi l'Église s'était collée sur la vision de Mathieu et non de Luc. Pourtant Jésus avait dit: "Ce que Dieu a uni que l'homme ne le sépare pas." Et pourtant nous l'avons séparé. Depuis des générations les femmes doivent lutter pour retrouver leur place dans la société et dans l'Église. Et aujourd'hui encore, nous parlons de faire de la place aux femmes dans l'Église. J'aime beaucoup Monsieur Luc. Ne sommes-nous pas prisonniers d'une mentalité juive donc mysogine?
Des historiens nous signalent le même phénomène avec le péché originel d'Augustin. On dit que Irénée avec des théologiens voyaient l'événement du paradis terrestre non comme une chute, mais comme une crise de croissance. Tout être humain fait des crises de croissance, comme le peuple hébreu en fait et tous les peuples aussi. Ceci est sain dans une vie. Pourquoi sommes-nous pris avec le péché originel qui a faussé le visage de Dieu donné par Jésus?
Quand je me colle à Luc, quand j'accueille Saint Irénée, je me sens libre et en croissance spirituelle avec mon Seigneur. Il me semble que Jésus s'assoit dans ma barque pour me dire: Avance au large .....
J'ai entendu souvent, j'entends encore aujourd'hui: "Dans l'Église, Faut donner de la place aux jeunes, faut donner de la place aux femmes." Mais qui est l'Église? Qui leur a enlevé leur place? La Genèse nous dit: "Dieu créa l'être humain, homme et femme," donc deux êtres égaux. Et le Christ en Mathieu ajoute: "CE que Dieu a uni que l'homme ne le sépare pas." J'entends aussi et je l'ai même répété: "Faut donner plus de place aux laïcs." Alors si les jeunes n'ont pas de place, si les femmes n'ont pas de place, si les laïcs n'ont pas de place, c'est qui, ça, l'Église? Qui leur a enlevé la place?
J'entends aujourd'hui aussi: "Dans cette petite paroisse, il n'y a que 4 ou 5 personnes à la messe, on ferme et on n'y va plus". Et pourtant dans ces paroisses, il y a encore deux cents ou trois cents baptisés. C'est qui, ça, l'Église? Avons-nous réduit l'Église à la messe et quelques vieillards à l'église?
J'écoute et j'entends monter le cri de "l'Heureux naufrage". Faudrait peut-être simplement redécouvrir le baptême? Être baptisé, c'est épouser la PASSION du Christ. La passion du Christ, c'est ce qui l'a fait vivre, ce qu'il avait dans le coeur et le ventre: son amour et sa lutte pour le pauvre, le mal gommé de la société, le respect des personnes, la communion entre les personnes et avec Dieu, etc ... Et je crois que lorsque nous aurons redécouvert ce sacrement nous pourrons alors dire: "Il nous faut redonner aux baptisés leur Église et les sacrements qu'on leur a enlévés" . Voila ce matin la méditaiton d'un vieux grincheux qui s'amuse à vieillir.
"Si un homme ne marche pas au pas de ses compagnons, c'est peut-être qu'il entend le son d'un autre tambour. Laissez-le suivre sa propre musique, quel qu'en soit le rythme, quelle qu'en soit la distance." Henry David Thoreau. C'est ce que Jean Vanier traduit à sa façon: "Laisser chacun grandir selon la musique de son être." Dieu demanda la même chose à Abraham: Quitte ton pays, ta famille .." va vers toi même et vit tes valeurs. autrement dit: va vivre ta passion, ce qui te fait vivre.
Chaque être humain a sa propre musique intérieure; il a ses propres façons de vivre ses valeurs. Chaque être humain a sa passion personnelle qui le fait vivre. La beauté d'une société est l'harmonisation de toutes ces musiques. Dans notre société en mouvement, les façons nouvelles de faire dérangent nos sécurités, questionnent nos doctrines et nos structures. La difficulté est d'accepter des différentes musiques et de les harrmoniser.
La mondialisation amène de grands ensembles musicaux qui font mourir les petits orchestres. Nous le voyons dans les magasins, les usines et même nos paroises. Le bruit musical des grands ensembles étouffe la mélodie des petits musiciens qui doivent plier bagage. Nous ne savons pas toujours écouter la mélodie de cette musique qui vient du coeur.
Nous savons bien que certains instruments sont brisés, blessés et souffrants,. Leur mélodie fait mal aux oreilles. Nous avons besoin de chefs d'orchestres capables d'harmoniser toutes ces mélodies, de mettre ensemble les instruments divers, de réparer et guérir les blessés pour bâtir dans notre monde et notre Église une "mélodie du bonheur" qui réjoisse le coeur de l'homme et le coeur de Dieu.