Jos. Deschênes
Si tu cries ...
Quelqu'un écrivait: "Si tu cries, ton prochain deviendra sourd." Regardons deux personnes en colère qui crient l'un après l'autre comme des déchainés. On crie, on hurle, on ne s'entend plus, on ne s'écoute pas du tout. Les politiciens s'engueulent comme du bois pourri de sorte qu'on n'a plus le goût de les entendre.
Il n'y a pas seulement les cris qui rendent les autres sourds. Il suffit de redire toujours les mêmes affaires sans tenir compte des personnes pour que les gens ne s'intéressent plus. J'ai médité ces expressions, j'ai regardé autour de moi, j'ai écouté les personnes sur la rue et au magasin, et j'en ai conclu que c'était un peu cela que j'avais fait comme prêtre dans les paroisses. Les chrétiens ont délaissé la pratique à l'église pour se replier dans leur monde. Mon langage ne les intéresse plus. Ils sont devenus sourds.
Échanger, écouter, accueillir l'autre n'est pas vouloir le changer ou le convertir à nos idées. J'ai souvent frappé un mur quand j'ai voulu convertir à mes idées que je croyais excellentes. J'ai souvent vécu cette fermeture aux idées que j'avançais. Les oreilles étaient là mais le coeur n'y était pas. Ce fut aussi mon cas.
Les chrétiens à travers le monde écoute le Pape François parce qu'il parle avec son coeur. Il ne veut pas convertir, il veut attirer, faire avancer par le coeur. Le partage peut être aussi un témoignage qui réchauffe le coeur et la vie. Jésus a écouté les disciples d'Emmaüs, a réchauffé leur coeur et ils ont compris. L'échange, l'écoute, le partage créé la communion même dans les différences profondes.
Notre dialogue en Église doit être un vrai dialogue, notre parole doit être une parole chaude qui réchauffe les coeurs, notre accueil doit être l'accueil du Père aimant qui écoute fait avancer, ainsi nous pourrons sans doute guérir la surdité qui nous enferme.
Change ton regard. Luc 7, 36-50.
L'Évangile de ce 11e dimanche nous présente un événement et deux regards différents. Un bon Monsieur invite Jésus à diner. Il invite un prophète, lui, le pharisien, ça fait bien. Mais voila qu'une madame s'invite aussi et entre dans la salle à manger. A l'époque, les femmes n'entrent pas dans la salle à manger pendant le repas. Cette dame se permet des gestes d'accueil et de reconnaissance avec un sans gêne peu convenable.
Alors le pharisien regarde et se dit: Si cet homme était un prophète, il n'accepterait pas ces manières déplacées venant d'une pécheresse. Ce bon Monsieur pose un regard négatif et même un jugement à la fois sur Jésus et sur la femme. Il s'arrête à ce qu'il voit.
Jésus aussi pose son regard sur la femme et dit à ce bon pharisien: cette femme me manifeste beaucoup d'amour parce qu'on l'a aimée, aidée et pardonnée. Jésus regarde le coeur. Jésus dit à Simon: change ton regard, derrière ces gestes et ce que tu connais, il y a une femme qui a souffert, une personne qui aime et qui a besoin d'être aimée. Cette personne est plus grande que ce que tu vois. Alors que le pharisien voit une pécheresse, Jésus accueille une femme, une personne, une enfant bien-aimée du Père.
Henry Longfellow écrivait: "Si nous pouvions lire l'histoire secrète de nos ennemis, nous découvririons dans la vie de tout homme assez de peine et de souffrance pour désamorcer toute hostilité." C'est le message de l'Évangile d'aujourd'hui. Ce passage de l'Évangile vient questionner mon regard. Quel regard ai-je sur les personnes? Celui du pharisien ou celui de Jésus? Je pourrais aussi me demander quel regard de Jésus j'accueille sur moi? Est-ce que je perçois le regard de Jésus comme un regard d'amour ou comme celui qui juge? Dans la mesure ou j'accueille un regard d'amour et de pardon, je pourrai laisser convertir mon regard sur les autres.
Aujourd'hui on dit souvent, notre Église se meurt; moins de prêtres, absence de pratiquants, les églises ferment, les gens ne croient plus à rien ... C'est le regard du pharisien. Nous pourrions peut être dire: notre Église est en train de renaitre. J'écoutais Enfant Soleil dimanche dernier, je visitais le marché aux puces de partageance en fin de semaine à Ste-Anne, j'écoutais les gens parler avec chaleur de leur travail auprès des familles en difficulté; ces gens travaillent beaucoup avec leurs oreilles et leur coeur et je me disais notre Église est vivante. Notre Église est en train de renaitre. Chaque matin, la télévision m'en apporte des exemples dans mon salon. Change ton regard me dit le Seigneur, voit ce qui est beau et bon d'abord et tu changeras le monde.
Jésus m'invite à changer mon regard, et me dit:Lève-toi, va en paix, ta foi t'a sauvé. Ainsi avec nos frères et soeurs nous pourrons vivre et goûter la douceur de ton pardon et de ton amour et notre monde sera meilleur.
En relisant.
Philippe Béguerie: Pour vivre l'Eucharisrie, Cerf. Ce livre date de plusieurs années déjà, mais en le relisant j'y découvre une grande actualité. L'auteur, qui fut mon professeur en liturgie, fait l'histoire et donne le sens de l'Eucharistie et du même coup situe le prêtre comme président de la prière du peuple chrétien. L'histoire nous fait comprendre l'évolution à la fois des rites et des mentalités et expliquent du même coup la structure actuelle du sacrement et du presbytérat, structure étrangère à notre mentalité moderne. L'auteur part de l'importance de la Parole de Dieu au coeur de la vie et de la célébration des sacrements. Cette réflexion est éclairée par la Parole et par Vatican 11 et nous conduit à la question majeure de l'acculturation de notre liturgie. Ce livre s'adresse à tous ceux et celles qui veulent mieux comprendre l'Eucharistie et les personnes qui animent l'assemblée dominicale. C'est une source précieuse pour l'avenir de nos liturgies paroissiales. Bonne Lecture.
Jésus touche ...
Jésus s'avance et touche le cercueil: Jeune homme, je te l'ordonne, lève-toi." Lc 7, 14. Dans l'Évangile, Jésus touche souvent les personnes qui viennent à lui. Il touche le lépreux pour le guérir, Mth 8,3; il touche la belle mère de Pierre prise de fièvre, et elle se lève pour servir, Mth 8, 14;il touche les aveugles, Mth 9, 28; il touche les enfants, Mc 10, 16; il touche le sourd-muet, Mc 7, 33. Toucher les gens est un geste fréquent dans la vie de Jésus, ce qui faisait dire au Père A. Grün que la main est un "organe sacerdotal."
L'Église dans sa liturgie a retenu ce geste de Jésus dans la célébration des sacrements. L'imposition des mains au baptême, sur les malades, au mariage, à l'ordination sacerdotale, sur les offrandes à l'Eucharistie. Dieu pose sa main sur nous pour nous bénir et nous remplir de son Esprit. Je dois me laisser empoigner par Dieu.
Au jour de mon ordination sacerdotale, l'Évêque a oint mes mains avec le St-Chrême. Cette onction venait me remplir de l'amour et de la tendresse de Dieu. Mes mains devenaient comme le porte parole de cette présence de Dieu. "Il ne s'agit pas de tout contrôler, organiser dans la paroisse, mais de laisser passer l'amour et le tendresse de Dieu." Ouvre mes mains, Seigneur, qui se ferment pour tout garder."
Hier, je suis allé au marché aux puces organisé par le service "Partageance" de notre milieu. Il y avait là des jeunes adolescents et adolescentes qui se donnaient au service de l'ensemble, des parents heureux de servir. J'ai bavardé un moment avec des responsables pour prendre conscience de l'importance de ce service dans le milieu. On me parlait de la souffrance des gens, des relations difficiles, de l'injustice dont souvent ces personnes démunies sont victimes. Leur coeur et leurs oreilles sont souvent plus utiles que leurs mains. J'ai vu une Église vivante et active, j'ai vu la charité en action. je n'ai pu m'empêcher de bénir ces gens. Dire du bien d'eux et demander au Seigneur de rendre cette action ecclésiale encore plus féconde dans le milieu. J'ai touché du doigt une Église en vie près des gens, de leur souffrance, de leur cri et j'ai dit: Merci Seigneur. Les mains de ces personnes engagées laissent passer l'amour et la tendresse de Dieu et ma main de prêtre doit le reconnaitre et le bénir au nom de Dieu. Oui, ce matin, je peux dire en action de grâce: Merci Seigneur.
La fête du Pasteur
Fâte du Sacré-Coeur, 3 juin 2016, c'est l'invitation que nous fait la liturgie de ce jour. Cette fête est la fête du Bon Pasteur qui part à la recherche de la brebis égarée. Luc 15, 3-7. le texte d'Ézéchiel nous conduit sur la même route, Ez. 34, 11-16. "J'irai moi-même à la recherche de mes brebis et je veillerai sur elle."
Voila figure du Bon Pasteur qui éprouve une grande joie quand il retrouve sa brebis partie à l'aventure. Il agit avec son coeur. Il est capable d'écouter la faim ou la soif de sa brebis, d'être attentif à ses besoins plutôt que de lui servir un plat de lois et obligations. le pasteur ne s'occupe pas seulement des personnes qui célèbrent l'Eucharistie, mais de toutes celles au milieu desquelles il vit. Son premier souci est de rassembler dans l'amour autour de Celui qui est AMOUR. Je pense au Pape François qui nous parle souvent du pasteur.
"Réjouissez-vous car j'ai retrouvé la brebis qui était perdue." La parabole de Luc est celle de la joie des retrouvailles comme celle du père miséricordieux qui retrouve son fils et met la maison en fête. La joie du pasteur qui rencontre un chrétien venu demander un service à l'Église, soit un baptême, soit un mariage ou même seulement une causette sur ses joies et ses souffrances. La joie du pasteur qui salue un chrétien à l'épicerie en train de remplir le garde-manger pour la famille.
Le pasteur est aussi à l'écoute du cri qui monte du coeur de l'autre, que ce cri exprime la joie comme la souffrance, le mépris comme l'indifférence. Ce cri souvent est l'expresison d'une souffrance intérieure qui a de la misère à sortir. Ce chapitre 34 d'Ézéchiel, comme Luc 15 suivit de Jean 10 sont des textes d'une excellente actualité dans notre contexte de société et d'Église. La fête du Sacré-Coeur ne doit pas rester une dévotion, mais une action missionnaire et ecclésiale. Ces pasteurs selon le coeur de Dieu naissent aujourd'hui de l'intérieur même de nos communautés chrétiennes. "Ils sont les cueilleurs et ceuilleuses de vie" que l'Esprit Saint fait surgir chez nous. Prions en cette fête pour que ces pasteurs et pasteures soient reconnus et accompagnés au coeur de notre Église.
Un geste de compassion
Aujourd'hui, deux textes nous parlent du parti pris de Jésus pour les pauvres et les malgommés de la société. dans le livre des Rois, le prophète Élie ressuscite le fils d'une veuve et Jésus fait le même geste dans l'Évangile. C'est un message de vie qui nous est donné.
Jésus a pitié de cette femme. Avoir pitié c'est prendre en charge, c'est s'occuper de .. . alors Jésus ne dira pas: je vais prier pour vous, il agit en faveur de cette femme. Une veuve qui a perdu son fils unique n'a plus de moyen de subsistance et doit soit mendier ou se prostituer pour vivre. Alors Jésus va agir en sa faveur et lui redonne son moyen de vivre. Il ressuscite d'une certaine façon cette pauvre veuve que la société abandonne. Jésus lui redonne sa dignité de femme. C'est un message que notre société et même notre Église devrait méditer. Les femmes et les enfants sont encore victimes d'une société patriarcale. Jésus va s'inscrire en faux avec cette société et prendre position pour les personnes.
Jésus touche la civière et ordonne au garçon de se relever. Le toucher est important pour Jésus, il touche les enfants,les malades et leur redonne confiance, leur redonne vie. Jésus vient me toucher comme chrétien pour me relever et m'inviter à me relever de mes doutes, mes peurs, pour devenir son témoin. Jésus me dit relève-toi, je te l'ordonne. C'est une invitation à la liberté de l'Évangile. Devant les difficultés de notre société, les familles en souffrance, les baptisés qui ont soif de spiritualité, soif de connaitre le Christ, le Seigneur nous dit; Relève-toi et sois témoin. Jésus s'est tenu debout jusqu'à son procès en fidélité à ses valeurs et sa mission. Devant notre Église essoufflée, relève-toi et prend position pour l'Évangile de la liberté, pour le souffle de l'Esprit.
Le peuple s'exclama: "Un grand prophète s'est levé parmi nous," comme la femme dira à Élie: "Tu es un homme de Dieu." Nous pourrions traduire: Un grand pasteur s'est levé parmi nous. Notre monde a besoin de ces prophètes, ou pasteurs pour qui les personnes sont plus important que les coutumes, les lois; de ces prophètes ou pasteurs qui sèment la vie et la liberté. Nous avons besoin de ces femmes et hommes capables de contester les lois et les structures qui écrasent et briment la vie. Je suis venu pour qu'ils aient la vie et la vie en plénitude.
Une "Radoterie."
Autrefois, quand j'étais jeune adolescent, il n'y avait pas de radio à la maison. J'allais chez le voisin chaque soir écouter Séraphin. Mes parents rouspétaient chaque fois mais ne voulaient rien savoir d'acheter une radio. Finalement mes frères ont acheté la fameuse radio qui est vite devenue un moment de rassemblement de la famille. Plus tard, dans le programme d'électrification rurale, l'électricité est passée près de la maison. Les parents ne voulaient rien savoir de payer l'électricité. Mes frères ont installé l'électricité. C'était la merveille: plus de lampe à l'huile, la veille laveuse à linge a fait place à un grande dame électrique, la pompe à l'eau a cédé sa place à une pompe électrique. La vie devenait plus facile et les parents doucement s'ajustaient. Le téléphone a fait son apparition. Grand Dieu! Pas question d'avoir cette boite à placottage chez nous. Mes frères ont installé le téléphone. Non seulement on écoutait les gens à la radio, on pouvait aussi leur parler à distance et ils répondaient. La communication s'établissait avec l'extérieur. Mais voila que la boite à images s'amène. La télévision nous amène le monde dans notre salon. Les coréens, les chinois se promènent chez nous. Extraordinaire. Les parents s'ajustent à cette nouvelle vie et y prennent goût. On y découvre des richesses incalculables. On découvrait le monde avec ses beautés, ses richesses, ses valeurs comme ses misères et ses souffrances.
Hier, je suis allé présider l'Eucharistie dans la paroisse. Une poignée de vieillards participaient. J'écoutais parler les gens à la sacristie, je croyais entendre ma mère il y a 75 ans: les jeunes ne sont plus là, ils ne comprennent rien, leur faut des cellulaires, des tablettes.... Après la célébration, j'arrête à l'épicerie et les jeunes me disent: on ne va plus à la messe, c'est seulement des vieux et ils ne veulent rien comprendre, faut qu'ils restent dans leur vieilles affaires.
J'écoute cela et je me dis: Dans mon Église, on a jamais installé le téléphone pour établir la communication entre les générations. On est resté à la radio, on se parle sans s'écouter et se répondre. Je me disais la télévision n'est jamais entré parce qu'on n'a pas vu le monde avec ses richesses, ses beautés, son besoin de spiritualité et de sens. On n'a jamais installé l'électricité parce que personne ne semble au "courant" de l'Évangile, des paraboles de la miséricorde, du Concile Vatican 11. Nous aurions fait l'inverse de la famille. Les jeunes ont du quitter pour vivre. Moi, chaque, soir je sortais écouter Séraphin et je revenais; mais dans l'Église, les jeunes sont sortis et ne sont pas revenus. Le courant n'est pas passé. Mon Église est devenue une vieille dame qui voudrait retrouver son passé mais qui n'a plus la force de découvrir le monde. Alors l'Église renaitra ailleurs avec la jeunesse de l'Esprit du Seigneur. Amen
J'ai médité.
A la suite de certains théologiens et biblistes, je m'arête ce matin sur deux textes du récit de l'institution de l'Eucharistie. J'y découre un sujet de méditation fort intéressant.
Concernant le vin, Mathieu écrit: "Buvez, ceci est mon sang, le sang de l'alliance, versé pour la multitude pour le pardon des péchés." Mth. 26, 27-28. De son côté Luc écrit: "Cette coupe est la nouvelle alliance en mon sang versé pour vous." Lc 22, 20.
Notons que Mathieu met l'accent sur le sang versé et donc fait référence à l'alliance avec Abraham et Moïse dans les sacrifices d'animaux. Le sang était répandu sur les parties de l'animal et le reste répandu sur le peuple. Et comme le dit le Père You, nous devenons consanguins avec Dieu de l'alliance. Ici l'accent est davantage placé sur le sang et le sacrifice. Elle m'apparait encore un peu extérieure.
Luc par contre met l'accent sur la vie donnée, sur l'alliance scellée dans le sang du christ. Nous participons à la vie même du Christ dans la communion sacramentelle. Le Christ est descendu sur terre pour nous hisser avec Lui vers le Père, vers la vie divine. C'est ce que dit l'évangéliste Jean: "Si vous ne mangez pas la chair du Fils de l'homme et si vous ne buvez pas son sang, vous n'aurez pas la vie en vous." Jn 6, 53. Ici l'accent est mis sur la vie donnée et partagée. L'alliance fait partie de ma vie. "L'Alliance avec Dieu n'est pas établie par une mort sacrificielle, mais par la foi inébranlable de Jésus en l'Alliance de Dieu, même devant la mort." Le Sacré de la vie, J. Stinckens, p.236.
Si nous jetons un coup d'oeil sur les Actes des Apôtres, nous y découvrons la puissance de l'Esprit et du ressuscité à l'oeuvre dans les apôtres. Ils font des guérisons, prêchent sans peur; ils ne font qu'un avec le Christ. L'Eucharistie nous prend avec le Christ pour nous "christifier" et devenir corps vivant du Christ.
Si dans l'histoire et la lturgie nous avions mis l'accent comme Luc sur l'alliance et la vie donnée, nous aurions peut être une célébration eucharistique plus dynamique. Le peuple chrétien que nous sommes est un peuple d'alliance, d'action de grâce et non un peuple qui écoute encore les coups de marteau sur les clous au moment de la crucifixion. Ce qui faisait écrire à un théologien: l'objet de ralliement des chrétiens n'est pas un Christ sanglant sur la croix mais un christ ressuscité et lumineux. "Nous sommes devenus Christ" dit S. Augustin. Relevons la tête et soyons des témoins du ressuscités, nous sommes devenus Christ.
Un projet
Nous sommes dans l'année de la miséricorde. Le tisonnier à sa dernière réunion a voulu manifester de quelle façon la miséricorde est vécue au quotidien dans notre milieu de Haute-Gaspésie. Les membres ont décidé, en accord avec le Centre d'Action Bénévole, de faire connaitre tous les services caritatifs offerts dans le milieu. Chaque semaine dans les bulletins paroissiaux, une personne présente un service et à la fin nous tirerons une leçon.
Notre objectif était d'abord de faire connaitre ces services à la population, de reconnaitre le travail et la générosité des personnes qui s'y dévouent, de montrer que depuis au-delà de vingt ans, chaque matin des bénévoles ouvrent la porte de la miséricorde pour accueillir et aider des personnes dans le besoin. Enfin nous voulons faire découvrir aussi que si la pratique sacramentelle est diminuée considérablement, la pratique de la charité au quotidien est toujours bien vivante. Des hommes et des femmes exercent au quotidien le diaconat de la charité.Des sceptiqeus me diront: ces gens ne le font pas au nom de leur foi ou de Jésus Christ. Je leur répondrai:"Quand, Seigneur, nous est-il arrivé de t'avoir donné à manger, à boire, visiter en prison? Chaque fois que vous l'avez fait à un de ces petits d'entre les miens, c'est à moi que vous l'avez fait." Mth 25, 45. Même s'ils ne le savait pas.
Dans ce projet le tisonnier a voulu montrer qu'après avoir goûté la miséricorde du Père, il fallait la vivre sur le terrain. Nous ne voulions pas que la miséricorde reste dans le temple au niveau de la liturgie et de la prière. Comme me disait quelqu'un, "notre Église est très vivante, mais elle est ailleurs." C'est peut être l'Église de type Marie dont j'ai parlé dans un article dans la case "Nouvelles". le meilleur est à venir.
J'ai retrouvé
En sirotant mon café, ce matin, je tombe sur un petit volume écrit en 1999: Une Église qui s'appauvrit, drame ou ouverture d'avenir? par Marc Girard, René Guay, Emmetts Johns et Denise Lamarche. Ce livre date de plusieurs années et semble obsolète, mais en y plongeant, il m'apparait d'une très grande actualité. J'y retrouve la comparaison entre une Église de type Zacharie, dans le temple et devenue muette, ou de type Marie, sur le terrain et missionnaire. J'y côtoie les défis annoncés pour notre Église du 21e siècle. Une Église de type table ouverte et l'option du Christ pour les pauvres. Les grands défis présentés à notre Église sont encore là: L'urgence de faire de l'annonce de la Parole une priorité, La nécessité de bâtir des communautés et de faire la communion, la redécouverte du sacerdoce baptismal et son déploiement dans la communauté dans l'engagement des chrétiens au coeur des ministères; redéfinir la dimension missionnaire de l'Église au coeur de notre monde.
Seulement prendre le temps de s'arrêter pour se demander ensemble dans quelle Église nous sommes? Celle de Zacharie ou de Marie? Ou encore de quel baptême nous sommes? Celui de Jean ou de Jésus? Ce serait un pas excellent. Notre Évêque Mgr Gagnon dans sa lettre sur l'avenir des communautés chrétiennes au no 8 avait suggérer un discernement profond sur la situation et les défis de notre Église. A ma connaissance, cette partie de la lettre est restée sur les tablettes. Avec la mise en route des secteurs nous avions mis comme objectif: l'engagement responsable des chrétiens au niveau de leur baptême dans le service pastoral en paroisse. C'est demeuré un rêve. Discerner ce que l'Évangile vient nous révéler dans notre monde d'aujourd'hui. Une Église qui s'appauvrit est une Église qui retrouve l'essentiel. Travailler à partir de ce petit bouquin pourrait être une source de rajeunissement. Le meilleur est à venir.
