Jos. Deschênes
Vraiment!
Pour les personnes âgées, le plus difficile n'est pas d'accepter des idées nouvelles, mais c'est de sortir de nos vieilles idées, écrit Todd Rose. Nous aimons jongler avec des idées nouvelles mais ordinairement cela ne change rien à notre façon d'agir. Ceci provoque des conflits de génération. Nous sommes trop souvent prisonnier de ce que nous avons appris ou fait. C'était bon hier pourquoi ce n'est plus bon aujourd'hui? Nous le constatons souvent dans l'Église, nous écoutons de belles conférences, nous applaudissons le conférencier, mais le lendemain tout reprend comme hier. Qu'ossa donne?
Un grand éclat de rire.
Timothy Radcliffe: Au bord du mystère. Croire en temps d'incertitude. Cerf. 2017. Ce petit livre du Père Radcliffe est qualifié "d'une bouffée de spiritualité pure". Il s'agit d'une série de conférences données par le Père Radcliffe sur différents sujets comme l'espérance, le corps, la joie de l'Évangile. Ces textes veulent nous rappeler que le christianisme est d'abord la joie. Vivre sous le regard divin est aussi la joie du coeur. Avec humour et liberté, l'auteur nous retourne à l'essentiel et nous invite à sortir de nos chapelles et à courir le monde parce que Dieu est fou de lui. Une lecture qui invite à aller de l'avant.
50
Il y a déjà 50 ans que Mgr Jean-Marie Fortier m'a ordonné prêtre. Aujourd'hui, asssi au balcon de ma vie, je veux jeter un bref regard sur la route parcourue.
D'abord, j'ai grandi à St-Octave de l'Avenir, village d'arrière pays, où il fallait défricher, faire reculer la forêt pour se bâtir un lieu pour vivre. Nous avions près de 40 ans de travail, nous avions bâti une ferme à bout de bras lorsque des Messieurs bien endimanchés sont venus nous dire qu'il fallait partir. Il a fallut quitter, laisser derrière nous ces années de labeur pour recommencer ailleurs, victimes d'un système sans coeur. Dès notre départ, ils ont replanté de petits sapins là où nous les avions enlevés. Ce fut aussi ma vie comme pasteur et a marqué toute ma vie.
Au lendemain de mon ordination, mon Évêque m'envoya étudier en Europe. J'ai reçu de l'enseignement des théologiens du Concile: Le Père Congar, Chenu, Jounel et compagnie. Ils m'on planté dans le coeur une autre vision d'Église que celle que je portais. De retour en Gaspésie, j'ai voulu défricher cette Église moins cléricale, davantage communauté et peuple de Dieu. Mgr Ouellet à l'époque nous a orienté vigoureusement vers cette Église. Nous avons inventé des structures, des projets en pastoral, des conseils, des équipes, mais cela n'a pas tenu le coup de la transformation rapide de la société du Québec. En 2002, l'Église était ailleurs. Quelqu'un est arrivé dans notre Église et nous a dit que nos projets n'étaient pas bons, il les a fermés et a "replanté des petits arbres là où nous les avions enlevés." Alors j'ai pris un genre de retraite et je suis allé défricher ailleurs.
J'ai pris mes distances de l'Église de Jérusalem avec son temple et ses rites pour me rapprocher de l'Église de la Gallilée et de la Samarie de nos paroisses. Là, il y avait dans cette "Église hors les murs" une Église vivante au plan de la charité au quotidien. Seize services communautaires avaient grandi au service de la vie, plus de 100 bénévoles ouvrent chaque semaine la porte de la miséricorde pour secourir les familles en difficulté, les femmes victimes de violence, les gens en déroute psychologique, etc. Pendant que nos structures pastorales s'écroulaient, les services mis en route par les chrétiens au service de la vie grandissaient."Ce que vous faites aux plus petits d'entre les miens, c'est à moi que vou sle faites."
J'y ai toruvé aussi une Égise qui a soif de la Parole de Dieu et de spiritualité. Les gens sont souvent allergiques à la pratique sacramentelle mais plusieurs ont soif de sens, de valeurs évangéliques, soit de fraternité. Actuellement cinq groupe de partage de la Parole de Dieu m'ont demandé de les accompagner et je touche du doigt le changement opéré dans la vie de ces personnes.
J'y ai toruvé aussi une Église blessée et souffrante. Blessée par tous les systèmes mis en place par la société tant éconimique, politique que religieux. Une Église qui a besoin d'une écoute attentive et aimante. Une Église qui a besoin d'une pastorale des fesses et de l'oreille du coeur. Prendre le temps de S'asseoir avec les gens pour les écouter là où ils sont et leur apporter la parole dont ils ont besoin pour aller plus loin. C'est ainsi que je suis heureux d'entendre le Pape François nous demander d'être des contemplatifs du monde et de la Parole de Dieu. Depuis plus de dix ans, j'essaie de vivre près de cette Église, elle me fait vivre, me rend heureux. Je découvre davantage le sens de mon ministère prsbytéral au coeur d'une communauté qui se sent abandonnée comme nous l'a dit l'Heureux Naufrage. Le petit gars de St-Octave continue de défricher ... Je suis aujourd'hui un retraité qui s'amuse à vieillir.
Un "brin" de méditation.
"Vous êtes le sel de la terre." Mth. 5, 13. Lisons-nous à l'Évangile de la liturgie de ce jour. Le sel a comme propriété de faire ressortir la saveur de chaque aliment. Il permet à l'aliment de révéler toute sa saveur, tout son goût.
Si je me regarde comme prêtre dans une communauté, je suis là pour faire ressortir la saveur de la vie chrétienne. De plus l'Esprit a déposé dans le coeur de chaque baptisé des dons, des charismes divers pour le service de la communauté. Le sel de la présence presbytérale est de faire ressortir la saveur de ces dons au service de la vie chrétienne.Le Pape Jean-Paul 11 disait également que le service du ministère ordonné était au service du sacerdoce baptismal afin que chacun exerce son ministère en coresponsabilité. Ce matin, le Seigneur vient me questionner sur ma compréhension de mon ministère presbytéral et donc de la façon de l'exercer. Cette parole me dérange et me questionne.
Se reconnaitre ou se connaitre. Jn 6, 51-58.
Je rencontre souvent sur la promenade une personne que je salue et que je reconnais chaque fois. Un jour je me suis arrêté et nous avons parlé quelque temps. Aujourd'hui quand je la rencontre, je dis: "je te connais." je connais ses valeurs, ses joies comme ses peines, je connais ce qu'elle a dans le ventre, ce qui la fait vivre.
Il me semble que la Fête du Saint Sacrement -comme on l'appelle- m'invite à me demander si je reconnais le Christ ou si je le connais. "Celui qui mange ma chair et boit mon sang demeure en moi et moi en lui." Je crois que le Seigneur nous invite à le connaitre, à découvrir la passion qui l'a fait vivre. Celui qui écoute mon enseignement et le met en pratique, celui qui communie à mes valeurs, à ce qui me fait vivre, celui qui s'abreuve au vin de ma tendresse et de la miséricorde, celui-là demeure en moi. Celui-là me connais.
Le sacrement de l'Eucharistie est le sacrement de la connaissance. Il n'est pas d'abord un rite à faire. Dans le compagnonnage quotidien avec le Christ nous apprenons à le connaitre, nous créons des liens de l'intérieur: dans le partage de la Parole nous apprenons à découvrir la pasison du Christ au quotidien. Ceci me permet de reconnaitre le Christ dans mes frères et soeurs sur la route.
Nous entendons souvent aujourd'hui: les gens ne connaisent pas Jésus Christ . Les chrétiens ne fréquentent plus les rites de l'Église mais n'ont pas appris à connaitre le Christ. Reconnaitre quelqu'un, c'est comme le regarder dans un miroir. Mais quand j'ai partagé avec lui, je peux dire: je le connais. On entend souvent: je le connais comme si je l'avais tricoté.
C'est nous rappeler la parole de Jésus en Jean: "Je connais mes brebis et mes brebis me connaissnt." Le connaitre, c'est le voir du dedans. Ma question aujourd'hui: Est-ce que je connais le Christ en moi ou si je le reconnais?
À mon ordination, on m'a appris à dire la messe, à respecter les normes liturgiques. Un jour lors d'une réunion de prêtres, l'un d'eux faisait une critique d'un confrère qui avait posé des gestes qui n'étaient pas liturgiques. L'évêque a écouté et lui a dit: Si cela a fait prier les gens, pourquoi ce ne serait pas bon. Je me suis dit depuis lors que l'important n'était peut être pas tant le respect des normes que de faire prier les chrétiens et de les rassembler en communauté. Doucement j'ai commencé à voir l'Eucharistie autrement.
Manger le Christ à l'Eucharistie, c'est manger la passion qui l'a fait vivre, son amour des pauvres, sa passion pour la défense des petits et des mal aimés de la société. Boire son sang, c'est me désaltérer à son amour, à sa tendresse, à sa miséricorde pour le Faire en mémoire de lui. Jésus nous a demandé de rendre présent au coeur du monde tout ce qu'il a fait pour nous, tout ce qu'il a enseigné, en un mot la passion qui l'a fait vivre et l'a conduit au Calvaire. Et celui qui fait cela a la vie éternelle.
Aujourd'hui, Jésus s'offre à moi pour se faire connaitre et il me demande de le faire connaitre aux autres autour de moi. Quand ensemble sur le terrain nous avons connu le Christ au coeur de nos vies, il nous sera agréable de le célébrer en communauté. Dans notre Eucharistie, demandons au Seigneur de nous aider à le connaitre et à rendre présent comme il nous l'a demandé cette passion qui l'a fait vivre au coeur du monde. C'est sans doute cela demeurer dans le Seigneur.
Une Église sur la route.
Dans cette visée d'une Église en sortie comme nous le dit le Pape François, je veux aujourd'hui prendre la route. Sur cette route quelqu'un me rejoins pour cheminer avec moi, Jésus me rejoins. Comme pour les disciples d'Emmaüs, il vient réchauffer mon coeur à la chaleur des Écritures.
Avant de reconnaitre le ressuscité, les deux disciples sur la route ont laissé réchauffer leur coeur à la Parole du Christ. Nous avons besoin d'une longue digestion de la Parole de Dieu. Actuellement, je partage avec des groupes de réflexion sur la Bible depuis quelques années. Ensemble nous voyons les changements qui s'opèrent en nous. Ce partage de la Parole doit se faire en communauté parce que nous nous auto-évangélisons. Il nous faut libérer la Parole, elle nous rendra libre et nous fera découvrir les chemins de l'Esprit dans notre monde. La Bible est un trésor qui nous est confié et que nous devons découvrir ensemble pour la réécrire dans notre monde de 2017.
Reviens souvent à la mémoire le beau texte d'Isaïe 54, 10: "Comme la pluie descend des cieux et n'y remonte pas sans avoir arrosé la terre, l'avoir fécondée et fait germer, pour qu'elle donne la semence au semeur et le pain comestible, de même la Parole qui sort de ma bouche ne me revient pas sans avoir fait ce que je voulais et réussi sa mission." C'est la Parole semence féconde qui produit cent pour un.
L'auteur d'Hébreux ajoute en 4, 12.: "Vivante, en effet, est la Parole de Dieu, énergique et plus tranchante qu'aucun glaive à double tranchant. Elle pénètre jusqu'à diviser âme et esprit, articulations et moëlle." C'est la parole scanner qui détecte les besoins profonds.
En Jean 15, 1-3, nous lisons: "Moi, je suis la vigne, la vraie, et mon Père est le vigneron. Toute branche ne portant pas de fruit il l'enlève; et toute celle qui porte du fruit, il l'émonde, afin qu'elle porte plus de fruit. Déjà vous êtes émondés par la Parole que je vous ai dite." Il s'agit de la Parole sécateur qui coupe ce qui ne produit pas ou émonde pour améliorer la production.
L'Apocalypse nous dit 10, 9: "Je priai l'ange de me donner le livre, il me dit: Tiens, mange-le; il te remplira les entrailles d'amertume, mais dans ta bouche, il aura la douceur du miel. La Parole est nourriture pour la vie.
C'est en communauté Église que la Parole devra être lue, commentée et expliqée. Je ne crois pas à l'avenir de l'Église en dehors de ce long réchauffement à la Parole de Dieu. La Parole qui est écrite comme celle que nous écrivons chaque jour. La Parole de Dieu est vérité et sa loi délivrance.
Une autre bonne lecture.
Nagy Charles Bedwani: De la violence et des jeunes. Médiaspaul. La violence et la radicalisation chez les jeunes sont devenues presque monnaie courante dans notre monde d'aujourd'hui. Nous nous posons la question sur les raisons ou motifs qui conduisent les jeunes dans cette démarche. Le Dr Bedwani nous entraine sur une route de découverte de l'effet des conditions de vie qui changent la "donne" chez bien des jeunes. Cette colère qui vit au coeur de certains jeunes se tournent ou bien contre eux-mêmes et c'est la mutilation et le suicide; ou bien contre autrui et c'est l'intimidation, les blessures ou le meurtre.. C'est une étude intéressante sur cette quesiton qui peut aider nombre de parents, d'éducateurs et de prêtres pour aider à comprendre ce phénomène douloureux. L'auteur donne quelques pistes de réflexion et d'avenir. bonne Lecture.
Une petite méditation
Jésus nous dit dans l'Évangile: "Vous êtes le levain dans la pâte." Au Québec, la pâte s'est transformée depuis quelques années. Elle s'est distancée de la pratique sacramentelle, elle s'est laïcisée. Le levain que nous sommes est demeuré dans la pratique sacramentelle, dans l'église. La question que je me pose: Est-ce que le levain ira rejoindre la pâte ou si la pâte devra revenir au levain? Ce matin, c'est ce qui me trotte dans la tête avec le Seigneur.
Une Église en sortie.
Notre bon pasteur François nous invite à une Église en sortie, une Église des frontières. C'est une démarche de plus en plus nécessaire, mais je suis craintf un peu. Dans nos Églises locales quelle couleur prendra cette Église en sortie. Ferons-nous une démarche de conversion ou de récupération?
La société devant nous est différente et a des besoins différents, des soifs différentes. Il me semble que notre premier mouvement est de s'asseoir avec le chrétien d'en face pour connaitre ses besoins, ses soifs et travailler avec lui à bâtir demain. Actuellement nous partons beaucoup de la structure, du prêtre pour proposer un cheminement aux communautés. Nous voulons assaisonner nos recettes différemment et ça me questionne beaucoup.
Un théologien du Québec faisait une comparaison dernièrement. L'Église du Québec est comme la femme hémoroïse de l'Évangile (Luc 8, 43-50). Cette femme avait rencontrer plusieurs médecins qui l'avaient ruinée et son état n'a fait qu'empirer. Il a fallut qu'elle rencontre Jésus Christ. Depuis la révolution tranquille, notre Église a rencontrer bien des prêtres, religieux et religieuses,des évêque qui ont proposer des projets en pastorale et l'état de l'Église n'a fait qu'empirer. Elle est ruinée à la fois au niveau du capital humain et du capital argent. Elle devra rencontrer le christ de l'évangile et de la vie pour voir son état s'améliorer. Notre mission sera donc de favoriser cette rencontre du peuple chrétien avec le Jésus ressuscité et la spiritualité de vie qu'il propose.
IL me semble aussi qu'il nous faudra passer du leadership au "disciplership". Jésus nous dit: "Allez, faites des disciples." Il me faut d'abord commencer par être moi-même disciple du Christ. Si je ne suis pas disciple, je ne ferai jamais de disciples. Être disciple, c'est mettre ses pas dans ceux du Christ, me placer à son école et faire route avec lui. Si je n'apprends pas à être disciple et à faire naitre des disciples, je ne serai jamais un leader. Voila ami lecteur mes élucubrations, je reviendrai.
Elle est passée.
Une croix qu'on appelle "Croix de l'évangélisation" est passée chez nous. Quelques personnes seulement l'ont rencontrée. Elle est presque passée inaperçue. Qu'est-elle venue faire ici? Que restera-t-il de son passage? Dieu seul le sait et c'est bien comme ça. Cette croix n'est venue que dans les temples et le peuple n'est plus dans le temple. J'ai vu l'image d'une Église "rattatinée" qui regarde passer le train. Je ne veux pas critiquer pour critiquer, je veux simplement prendre conscience combien nous sommes prisonniers de structures et rites obsolètes devant lesquels les gens sont indifférents. A quand le tournant missionnaire? Nous aurions besoin d'une pastorale "scanner".
